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Menaces sur les forêts du monde : les chiffres de la FAO

Organisation Mondiale de la Santé L’évolution mondiale de surfaces forestières conduit trop souvent à des débats très brumeux et à des affirmations péremptoires, avec parfois des approximations liées, par exemple, au fait que certains « experts » confondent joyeusement les hectares et les kilomètres carrés ... La FAO, dans un document tout à fait remarquable, vient de publier pour la période 1990 – 2020, des chiffres qui permettent de faire le point sérieusement et sereinement sur ce sujet (« La situation des forêts du monde, 2020 »).

Il faut savoir d’abord que la définition du mot « forêt » n’est pas aisée : comment distinguer les forêts, les savanes et / ou les couverts « arborés » ? Le premier intérêt de l’étude de la FAO vient du fait qu’elle est fondée sur une définition admise par tous les pays membres de l’ONU, ce qui garantit que les chiffres fournis par les différents pays respectent la définition de la FAO.

 

Le second intérêt de cette étude est de distinguer clairement les pertes brutes et les pertes nettes des surfaces forestières : les pertes brutes sont constituées par la déforestation ; les pertes nettes sont moins importantes, puisqu’il existe également des replantations et des « régénérations » plus ou moins rapides et plus ou moins naturelles. 

 

Sur la base de ces définitions, les principales observations de cette étude sont les suivantes :

 

1 – La surface forestière mondiale (31 % de la surface totale de notre planète)  est en 2020 de 4 060 millions d’hectares ; elle était de 4238 millions d’ha en 1990, soit une perte nette de 178 millions d’ha (4,2 % en 30 ans ; 0,14 % par an).  Cinq pays rassemblent 50 % des surfaces forestières mondiales : la Russie, le Brésil, le Canada, les Etats-Unis et la Chine.   

 

2 – Cette évolution résulte de deux facteurs contradictoires :

 

- D’une part, une déforestation qui a touché 420 millions d’hectares entre 1990 et 2020, déforestation dont le rythme ralentit : elle était de 16 millions d’ha par an dans les années 1990 ; elle a été de 10 millions d’ha par an entre 2015 et 2020.

 

- D’autre part des replantations et des « régénérations » qui aboutissent à une perte nette qui n’est « que » de 178 millions d’ha. Ces pertes nettes diminuent elles-mêmes de décennie en décennie : c’était 7,8 millions d’ha par an  dans les années 1990  et 4,7 entre 2010 et 2020.

 

3 – La FAO évalue également l’évolution des surfaces forestières dans les  grandes régions du monde. Les chiffres sont les suivants pour la période 2010 - 2020 :

 

 - Les surfaces forestières augmentent dans 3 régions : l’Asie (1,2 millions d’ha par an) ; l’Océanie (0,4) et l’Europe (0,3) ;

 

- Les surfaces forestières, quasiment stables en Amérique du Nord, diminuent de façon importante en Afrique (3,9 millions d’ha par an, notamment en République démocratique du Congo) et en Amérique du Sud (2,6 millions d’ha par an, notamment au Brésil). Il faut noter toutefois, malgré les affirmations de nombreux médias, que cette diminution ralentit en Amérique du Sud : c’était 5,2 millions d’ha  par an au cours de la décennie 2000 – 2010, soit deux fois plus !

 

Le ralentissement observé dans la diminution des surfaces forestières mondiales permet d’espérer que, dans deux ou trois décennies, cette diminution sera stoppée, à condition que les décisions politiques des grands pays concernés (Russie, Chine, Brésil, RD Congo ...) et de la communauté internationale aillent dans le bon sens. Ce serait une bonne nouvelle pour le climat et pour la biodiversité.

 

 

Pierre le Roy, GLOBECO, mars 2021